maîtrise

maîtrise

maîtrise [ metriz ] n. f.
XVIe; mestrise v. 1175; de maître
Qualité de maître. I
1(XVe) Rare Qualité, fonction d'une personne qui commande, exerce sa domination. autorité, domination, 2. pouvoir, souveraineté. « la dialectique maîtrise et servitude » (Camus).
2(1907) MAÎTRISE DE SOI : qualité d'une personne qui est maîtresse d'elle-même, qui se domine. ⇒ contrôle, empire, self-control. « une fièvre et une impatience qui leur enlevaient toute maîtrise d'eux-mêmes » (Camus). 1. calme, sang-froid.
3Contrôle militaire d'un lieu. L'Angleterre avait la maîtrise des mers. hégémonie , prépondérance, suprématie. « ne seraient-ils que cinquante, ils possèdent la maîtrise du terrain » (Mac Orlan).
II
1(XIIIe) Qualité, grade, fonction de maître dans certains corps de métiers. Maîtrise de conférences : fonction, poste de maître de conférences. — (1835) Absolt Jusqu'au XIXe s., Fonction du maître de chapelle.
(1643) Mod. École d'éducation musicale destinée au chœur d'une église, d'une cathédrale; le chœur lui-même. manécanterie. La maîtrise de Saint-Eustache.
2( XVe) Qualité de maître dans une corporation. Par ext. (1776) Ensemble des maîtres d'une corporation. Les maîtrises et les jurandes de l'Ancien Régime.
Loc. (1959) Agents de maîtrise : nom donné à certains techniciens qui forment les cadres subalternes d'une entreprise.
3(1966) Grade universitaire sanctionnant le second cycle de l'enseignement supérieur. Mémoire de maîtrise. Passer, avoir une maîtrise d'anglais, de mathématiques.
4(XIIe « habileté »; repris XIXe) Fig. Perfection digne d'un maître, dans la technique. habileté, maestria, métier, virtuosité. Œuvre d'une grande maîtrise. Exécuté avec maîtrise (cf. De main de maître). « À la maîtrise, il [l'enfant] substitue le miracle » (Malraux).
Fait de maîtriser (un sujet). Il a une bonne maîtrise de l'allemand.
⊗ CONTR. Servitude. Apprentissage.

maîtrise nom féminin (de maître) Supériorité, domination incontestée sur des adversaires, prépondérance : La maîtrise des mers. Fait de dominer techniquement, intellectuellement, scientifiquement : Avoir la maîtrise d'une langue. Sûreté de l'exécution dans un domaine technique ou artistique. Domination de soi-même ; sang-froid. Ensemble des contremaîtres et des chefs d'équipe d'une entreprise. Diplôme national sanctionnant la deuxième année du second cycle des études universitaires. École où l'on forme les enfants au chant ; chorale, attachée à cette école ; ensemble des chantres d'une église. Emploi de maître de chapelle dans une église cathédrale. Chorale d'enfants attachée à une église ou à une institution et jouant un rôle actif dans la célébration du culte. ● maîtrise (expressions) nom féminin (de maître) Maîtrise fédérale, en Suisse, brevet supérieur qui autorise un artisan à s'installer à son compte et à former des apprentis. ● maîtrise (synonymes) nom féminin (de maître) Supériorité, domination incontestée sur des adversaires, prépondérance
Synonymes :
- contrôle
- hégémonie
- souveraineté
- suprématie
SÛreté de l'exécution dans un domaine technique ou artistique.
Synonymes :
- habileté
- métier
- virtuosité
Domination de soi-même ; sang-froid.
Synonymes :
- impassibilité
- imperturbabilité
École où l'on forme les enfants au chant ; chorale, attachée...
Synonymes :

maîtrise
n. f.
d1./d Ensemble du personnel chargé de l'encadrement des ouvriers (chefs d'atelier, contremaîtres, chefs d'équipe). Agent, cadre de maîtrise.
d2./d Titre universitaire supérieur à la licence et inférieur au doctorat.
d3./d Excellence dans un art, une science, une technique. Posséder la maîtrise de la peinture sous verre.
d4./d Domination, empire. La maîtrise des mers.
|| Maîtrise de soi: contrôle de soi-même.
d5./d (Suisse) Maîtrise fédérale: brevet autorisant à former des apprentis.

⇒MAÎTRISE, subst. fém.
A. — Fait, faculté de dominer les êtres ou les choses.
1. [Correspond partiellement à maître1IA] Rare. Condition, pouvoir d'un maître, de celui qui exerce une autorité absolue (sur une personne ou une communauté). Synon. domination, empire; anton. asservissement, esclavage, servitude. Tout ce qui a la maîtrise du monde fut encensé, glorifié, excusé quoi qu'il advînt, justifié, fortifié dans la domination des faibles (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 77):
1. [Selon Hegel] Le maître, pour son malheur, est reconnu dans son autonomie par une conscience qu'il ne reconnaît pas lui-même comme autonome. Il ne peut donc être satisfait et son autonomie est seulement négative. La maîtrise est une impasse. Puisqu'il ne peut pas non plus renoncer à la maîtrise et redevenir esclave, le destin éternel des maîtres est de vivre insatisfaits ou d'être tués.
CAMUS, Homme rév., 1951, p. 177.
Au fig. C'était Cécile (...) qui semblait avoir usurpé l'empire dans ce ménage. Elle s'était dérobée à la maîtrise intellectuelle et morale de son mari (FEUILLET, Journal femme, 1878, p. 244).
2. [Correspond à maître1 I B 2] Fait d'être maître de quelque chose, d'avoir quelque chose en son pouvoir, sous son contrôle matériel ou moral. La substance de tous les arts est la même: et c'est l'effort de l'être pour réaliser une harmonie — (qui est la forme la plus parfaite de la maîtrise sur les choses) — avec ses propres réactions contre son milieu (ROLLAND, Beethoven, t.1, 1937, p.22). La maîtrise du corps dans la douleur n'a plus le même sens que la maîtrise du corps dans le besoin (RICOEUR, Philos. volonté, 1949, p.102).
En partic.
a) Dans le domaine milit. Maîtrise d'un lieu. Pouvoir de domination, de surveillance, exercé en un lieu. La rivalité russo-allemande pour la maîtrise des détroits (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 291).
MAR., AVIAT. Maîtrise de la mer, de l'air, du ciel. Capacité de contrôle d'une zone maritime, d'un espace aérien. Dans la séance du 9 janvier 1912, le ministre de la Marine avait exprimé l'avis que la maîtrise de la mer devait être acquise complètement avant que les transports des troupes de l'Afrique du Nord vers la France ne fussent entamés (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 181).
b) SPORTS. Maîtrise de la balle, du ballon. Fait d'entrer en possession du ballon et d'en assurer le contrôle. Se rendre maître du ballon, c'est, dans un premier temps de contact, le contrôler pour l'utiliser aux meilleures fins de progression. Dans la maîtrise de la balle, le joueur exprime ses qualités de finesse de touche (J. MERCIER, Football, 1966, p. 35).
c) Dans le domaine psychol. Maîtrise de soi ou, absol., maîtrise. Faculté de se gouverner suivant la raison et la volonté, en gardant le contrôle de ses impulsions, de ses instincts. Tout ce que notre culture a placé délibérément au premier rang des valeurs humaines, cette maîtrise de soi, cette possession de nos forces, de nos sentiments, cet empire de l'homme sur ses désirs (MASSIS, Jugements, 1924, p. 53). Raoul, ce que j'aime en toi, c'est la surveillance que tu exerces sur toi-même (ton besoin de contrôle et de maîtrise) (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 25). On éliminera par dressage les gestes spontanés incongrus et inutiles, tout en se gardant, avec un émotif, de l'enfermer dans une perpétuelle contrainte (...); on éduquera la maîtrise volontaire de soi, qui ne devra pas comprimer le coeur (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 334).
d) Dans le domaine de l'activité intellectuelle ou pratique. Connaissance approfondie et sûre (d'un objet de pensée, d'une discipline, d'un art, d'une technique). Avoir, acquérir la maîtrise d'une langue, du style, de l'expression; avoir la maîtrise de ses moyens. Titien a donné lieu d'étudier la beauté du coloris; Véronèse, la maîtrise du pinceau et la grandeur de l'ordonnance (LE BRUN, Conf. sur le Ravissement de Saint Pierre de Poussin ds H. LEMONNIER, Art fr. Louis XIV, 1911, p. 27). Des pianistes soucieux d'acquérir la maîtrise mécanique du clavier (CORTOT, Techn. pianist., 1928, p. 1). Le mouvement du symbolisme ne s'achève donc qu'en nous faisant passer de l'intuition au concept du temps: il nous en assure la maîtrise mentale et la domination pratique (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 174).
♦Art, talent supérieur (manifesté dans l'exécution de quelque chose) reposant sur une connaissance approfondie des moyens (cf. maître1 II C 3). Synon. maestria, virtuosité. Faire qqc. avec maîtrise, une grande maîtrise; oeuvres, pièces de maîtrise. Jusqu'à ce jour, avec une maîtrise incomparable, elle avait réussi à conserver intacte sa situation mondaine de veuve riche, reçue partout (ZOLA, Fécondité, 1899, p. 349). La majesté de l'attitude, la noblesse de l'expression, la grâce du geste [dans une statue de Michel Colombe] (...). sont autant de caractères révélateurs d'une maîtrise consommée, d'une incomparable habileté de facture (FULCANELLI, Demeures philosophales, t. 2, 1929, p. 202):
2. Je ne sache pas de danger plus insidieux ni de malédiction plus mesquine que ceux d'un temps où maîtrise [it. ds le texte] et perfection désignent à peu près l'artifice et la convention vaine, où beauté, virtuosité et jusqu'à littérature signifient avant tout ce qu'il ne faut pas faire.
PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 27.
B. — [Correspond à maître1 II dans certains emplois]
1. Poste, charge, grade de maître. La grande maîtrise de Malte, de Saint-Lazare, de l'ordre teutonique (Ac. 1835-1935).
Maîtrise de conférences. Poste de maître de conférences. On crée en ce moment à la Sorbonne des maîtrises de conférences avec assez de facilité pour qu'on m'ait offert l'une d'elles (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 136).
♦[Dans la franc-maçonnerie] Grade de maître. Grande maîtrise. Dignité du chef d'une fédération de loges. Quand Philippe d'Orléans eut écrit au Journal de Paris sa renonciation à la grande maîtrise (...), l'Assemblée générale du Grand-Orient se trompa en prononçant la déchéance du duc Égalité (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 347).
♦[Au Moyen Âge et sous l'Ancien Régime] Maîtrise des eaux et forêts. Charge de maître des eaux et forêts; juridiction qui était de son ressort. Maîtrise particulière; grande maîtrise. Madeleine Béjart était fille d'un sous-officier de justice, d'un huissier audiencier à la grande maîtrise des eaux et forêts (A. FRANCE, Génie lat., 1909, p. 104).
2. Dans le secteur des métiers (cf. maître1 II B 1)
a) [Dans les anciennes corporations] Qualité, statut du maître reçu dans un corps de métier. Acquérir, obtenir, gagner, acheter la maîtrise; droit, lettres de maîtrise. Très tôt les maîtres assurèrent la fortune de leurs fils. Il fallait, pour accéder à la maîtrise, présenter un chef-d'oeuvre, ce qui demandait, certes, une grande habileté professionnelle, mais surtout une importante mise de fonds (J. HEERS, Le Travail au Moyen Âge, Paris, P.U.F., 1975, p. 109).
P. méton. Association de maîtres constitués en corps de métiers. On charge à tort le moyen âge de tous les maux qu'ont pu produire les corporations industrielles. Tout annonce qu'à l'origine les maîtrises et les jurandes ne furent que des moyens de lier entre eux les membres d'une même profession, et d'établir au sein de chaque industrie un petit gouvernement libre (TOCQUEVILLE, Anc. Régime et Révol., 1856, p. 185).
b) Mod., DR. COMM. Qualité de maître-artisan. Des cours de promotion artisanale destinés à parfaire la formation des artisans et de leurs ouvriers, à leur permettre d'accéder à la maîtrise (ROBERT, Artis., 1966, p. 158).
3. INDUSTR. Agent de maîtrise, personnel de maîtrise. Agent, personnel d'encadrement directement en contact avec le personnel d'exécution qu'il dirige dans ses travaux. Les agents de maîtrise constituent l'encadrement du personnel ouvrier. Dans l'ordre décroissant de la hiérarchie, ils se divisent en: — chefs d'atelier; — contremaîtres (professionnels ou non professionnels); — chefs d'équipe (professionnels ou non professionnels) (LUBRANO-LAVADERA, Législ. et admin. milit., 1954, p. 157).
P. méton. La maîtrise. Ensemble des agents de maîtrise. Un phénomène caractéristique est le développement des tâches administratives dans toutes les catégories de la maîtrise (BRANC. Écon. 1978).
4. Dans le domaine de l'Université
a) Anciennement et auj. encore au Canada (Québec). Maîtrise ès-arts. Grade universitaire obtenu après la licence (cf. maître1 II B 2). Il parcourut également tous les degrés de licence, maîtrise et doctorerie des arts (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 172).
b) [Dep. 1966] Grade universitaire sanctionnant la deuxième année de deuxième cycle. Sont admis en équivalence de la maîtrise en vue de la préparation du doctorat d'État ès lettres les titres figurant sur la liste ci-après, délivrés par les universités étrangères et portant sur les disciplines littéraires (Arrêté du 8 mai 1969 ds B.O.E.N., n° 20, 15 mai 1969).
C.MUSIQUE
1. a) [Avant la Révolution] École attachée à une cathédrale ou à une église importante et où des enfants étaient formés à la musique et au chant religieux. Synon. manécanterie, psallette. Il [Rousseau] devint pensionnaire à la maîtrise de la cathédrale dirigée par M. Le Maistre (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1948, p. 54).
b) P. anal. [À l'époque mod.] École formant les enfants à la musique et au chant choral. La Maîtrise de Radio-France est le résultat d'une collaboration établie depuis 1946 entre la Direction des Enseignements de Paris et la Radiodiffusion. C'est un Établissement d'Enseignement Général et Musical (...) où les élèves bénéficient d'une formation générale conforme à celle des programmes officiels et d'une formation musicale de niveau professionnel (B. de la Société Nat. de Radiodiffusion, 1981, p. 1).
2. P. méton.
a) Ensemble de chanteurs, chorale d'adultes ou d'enfants attachée au service d'une institution religieuse ou laïque. Les choeurs et la maîtrise de Radio France. Dans les maîtrises religieuses, l'enfant était jadis de rigueur. De nos jours, il est surtout remplacé par des femmes (Arts et litt., 1935, p. 36-12). Et à la schola, ça ne va pas fort, eh? Vous avez une jolie voix, et vous arrivez à gâcher même cela par votre attitude dans la maîtrise (MONTHERL., Ville dont prince, 1951, I, 1, p. 860).
b) Emploi du maître de chapelle dirigeant la maîtrise d'une église. Il posait inutilement sa candidature à la maîtrise de la Sainte Chapelle en 1696 (LA LAURENCIE, Éc. fr. violon, t. 1, 1922, p. 68).
Prononc. et Orth.:[] ou [me-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1165 «commandement d'un vaisseau» ([CHR. DE TROYES], G. d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 2035); 2. ca 1350 «autorité, puissance» (Passion nostre Seigneur, éd. G. A. Runnalls, 4031); 3. 1910 «domination de soi-même» (Lar. pour tous); 4. 1924 «possession d'une chose dont on use à son gré» (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, p. 249). B. 1. Av. 1191 «habileté, supériorité de talent» (GUI DE CAMBRAI, Vengement Alixandre, éd. B. Edwards, 1202, var.); 2. a) 1267 «certaine charge ou dignité à la cour ou dans un ordre de chevalerie» (Cart. de Champ., BN l. 5993, f° 190b ds GDF. Compl.); b) 1743 «logement réservé à un maître de chapelle et à l'école où il enseigne» (Trév.); c) 1835 «emploi de maître de chapelle dans une église cathédrale» (Ac.); d) 1893 maîtrise de conférences (DG); 3. a) 1454 «qualité d'un artisan qui a reçu le titre de maître» (Ordonnances des Rois de France de la troisième race, éd. De Pastoret, t. 18, p. 45); b) 1776 «ensemble de ceux qui gouvernent un corps de métier» (CONDILLAC, Comm. gouv., II, 6 ds LITTRÉ); c) 1941 agents de maîtrise (AYMÉ, Travelingue, p. 33). Dér. de maître; suff. -ise; cf. l'a. fr. maistrie «autorité, puissance; art, science, talent» (XIIe s. ds GDF. et T.-L.). Fréq. abs. littér.:457. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 174, b) 182; XXe s.: a) 650, b) 1306.
DÉR. Maîtrisien, -ienne, subst. Enfant faisant partie d'une maîtrise. Une vingtaine d'élèves sont admis par classe: les Maîtrisiens, les Maîtrisiennes et d'autres enfants qui bénéficient d'un enseignement artistique dans certains établissements spécialisés, les après-midi (B. de la Société Nat. de Radiodiffusion, 1981, p. 3). [], fém. [-]. 1re attest. 1929 (GASTOUÉ, Vie mus. Église, p. 40); de maîtrise, suff. -ien.
BBG. —BRESLIN (M. S.). The Old Fr. abstract suffix -ise... Rom. Philol. 1969, t. 22, pp. 408-420. — GOOSSE (A.). Ét. de vocab. eccl.: l'enfant de choeur. Foi Lang. 1977, n° 2, p. 134, 135 (s.v. maîtrisien).

maîtrise [metʀiz] n. f.
ÉTYM. XVIe; maistrie, mestrise, v. 1175; de maître.
Qualité de maître.
———
I
1 (XVe). Vx ou didact. Qualité, fonction d'une personne qui commande, qui exerce sa domination. Autorité, domination, pouvoir, souveraineté (→ Garder, cit. 88). || Maîtrise et servitude.
1 (…) les idéologies contemporaines (…) ont appris de Hegel à penser l'histoire en fonction de la dialectique maîtrise et servitude (…) au premier matin du monde, il n'y a qu'un maître et un esclave (…)
Camus, l'Homme révolté, p. 172.
2 (1907). Mod. Maîtrise de soi : qualité de celui qui est maître de soi, qui se domine. Contrôle, empire, gouvernement (de soi-même); → Estimer, cit. 29; hédoniste, cit. 1 || Avoir, garder, perdre, reprendre, retrouver la maîtrise de soi. Calme, sang-froid; reprendre (se), ressaisir (se).Absolt. || « Conserver sa maîtrise dans une circonstance troublée ou périlleuse » (Académie).
2 (…) si, après l'abandon de Jacques, elle avait pu guérir et reprendre la maîtrise de soi, c'était seulement parce qu'elle avait eu la chance, en ce temps-là, de pouvoir écarter jusqu'au plus fugitif espoir.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 80.
3 (…) le vent d'espoir qui se levait avait allumé une fièvre et une impatience qui leur enlevaient toute maîtrise d'eux-mêmes. Une sorte de panique les prenait à la pensée qu'ils pouvaient, si près du but, mourir peut-être (…)
Camus, la Peste, p. 292.
Par ext. || La maîtrise d'une émotion, d'un geste.
4 Sa sensibilité lui échappait. Nouée la plupart du temps, durcie et desséchée, elle crevait de loin en loin et l'abandonnait à des émotions dont il n'avait plus la maîtrise.
Camus, la Peste, p. 210.
3 (V. 1930). Possession (d'une chose dont on use à son gré). || Avoir la maîtrise de la matière (→ Main, cit. 15).Spécialt. Contrôle militaire (d'un lieu). || Maîtrise d'une zone opérationnelle. || L'Angleterre avait la maîtrise des mers. Prépondérance, suprématie.
5 — Je pense que nous n'avons pas de grandes forces devant nous (…) Mais ne seraient-ils que cinquante, ils possèdent la maîtrise du terrain.
P. Mac Orlan, la Bandera, XVII.
———
II
1 (XIIIe). Qualité, grade, fonction de maître dans certains corps ou métiers.Vx. || Maîtrise ès arts : grade universitaire autrefois supérieur à la licence (→ Licence, cit. 2).(1893). Mod. || Maîtrise de conférences : fonction, poste de maître de conférences.La grande maîtrise de Malte : la dignité de grand maître de Malte ( Magistère).
(1835). Absolt. Fonction du maître de chapelle.(1734). École d'éducation musicale des enfants de chœur d'une église, dirigée par le maître de chapelle; l'ensemble des chanteurs. || Diriger la maîtrise d'une paroisse. Manécanterie.
6 Et derrière ce défilé de jupes sombres, sonnèrent telles que des fanfares les robes vermillon de la maîtrise.
Huysmans, la Cathédrale, p. 157.
Par anal. (maîtrise laïque). || La maîtrise de l'O. R. T. F.
2 (XVe). Qualité de maître dans une corporation. || Pour parvenir à la maîtrise il fallait que l'artisan eût fait un chef-d'œuvre. || Lettres de maîtrise par lesquelles le compagnon passe maître (→ Artisan, cit. 2).(1873). Par anal. Troisième grade de la hiérarchie maçonnique.(1776). Par ext. Ensemble des maîtres d'une corporation (cit. 1). || Les maîtrises et les jurandes de l'Ancien Régime (→ Association, cit. 10) furent abolies en 1791.
(XXe). || Agents de maîtrise, nom donné à certains techniciens qui forment les cadres subalternes d'une entreprise.
3 (1966). Grade universitaire qui sanctionne le second cycle de l'enseignement supérieur. || Une maîtrise de sociologie. || Préparer, faire sa maîtrise.
4 (XIIe, « habileté », repris XIXe). Fig. Perfection digne d'un maître dans la technique. Habileté, maestria, métier, virtuosité. || Exécuté avec maîtrise. Magistral; main (de main de maître). || Faire montre de maîtrise (→ Étymologique, cit. 1). || Tableau qui témoigne d'une maîtrise exceptionnelle.
7 (…) c'est une jeune fille (E. Brontë) qui a conçu, qui a inventé et agencé cela (les Hauts de Hurle-Vent), avec une maîtrise, une logique, une autorité merveilleuses, jointes au plus habile esprit de combinaison dramatique.
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 418.
8 Je ne sache pas de danger plus insidieux ni de malédiction plus mesquine que ceux d'un temps où maîtrise et perfection désignent à peu près l'artifice et la convention vaine (…)
J. Paulhan, les Fleurs de Tarbes, p. 27.
9 (…) si l'enfant est souvent artiste, il n'est pas un artiste. Car son talent le possède (l'enfant), et lui ne le possède pas (…) À la maîtrise, il substitue le miracle.
Malraux, les Voix du silence, p. 283.
CONTR. Servitude. — Apprentissage. — (Cf. les contr. de 1. Calme).
DÉR. Maîtriser.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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